Auto-organisation du matériau de la maquette

Organiser des cartes, des photographies, des images aériennes, des sons, de la musique, des entretiens, des textes, etc. n’est pas chose aisée. L’entrée cartographique est une approche qui fonctionne quand les objets sont localisés.

Une maquette dont le matériau s’organiserait spontanément, de manière fluide, en fonction d’approches thématiques et pas uniquement de la localisation spatiale, serait un objet toujours en mouvement et riche à explorer. C’est ce que Florent Di Bartolo est en train de développer à travers un système multi-agent, dont il nous propose un aperçu dans la vidéo ci-dessous. Chaque point représentant une photo est décrit par un ensemble de mots-clés, et les photos s’organisent pour former des clusters thématiques ou géographiques.

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Sédiments de la résidence des 10 & 11 avril 2019

Les 10 & 11 avril, une équipe s’est réunie à la Centrif’, tiers lieu de la Cité Descartes, pour une résidence en vue de la préparation d’un spectacle autour de la maquette.

Au-delà de donner à voir et entendre, à travers la multitude de données visuelles et sonores récoltées in situ, un territoire urbain précisément défini (en l’occurence un quartier de Champs-sur-Marne) l’équipe s’est appliquée à explorer les strates incertaines, mouvantes, fantasmatiques, délirantes d’une cité.

Action théâtrale, chant, danse, musique improvisée ont été les vecteurs de cette exploration visant, à partir des témoignages et images enregistrés en amont, à révéler la cosmogonie intérieure d’une ville équivoque, parcourue d’atavofigures, de courants magnético-grotesques, de personnages archétypaux – figures mi-homme mi-bête dont le discours tient autant du grognement ou du coassement que du questionnement métaphysique.

Quête multiple donc, puisqu’au-delà d’être prospective ou mémorielle elle trouvait dans les sons de la ville, la parole de ses habitants, le récit de leurs vies, de leurs trajectoires, de leurs rêves, le terreau d’une végétation onirique fantasque et proliférante.

C’est cet enchevêtrement de mondes, cet écheveau de trajectoires humaines, de sensations et de rêves qui a été parcouru lors de cette résidence de travail.

La maquette interactive de la ville de Champs-sur-Marne a constitué le noyau à partir duquel les diverses extensions se sont déployées ; la banque de sons, de photographies et de plans qu’elle contient générant extrapolations, divagations, constructions éphémères, architectures imaginaires, fictions animalières, commerce avec l’absurde.

L’équipe était constituée de :

  • Benjamin Bondonneau (clarinette, objets, traitements sonores) 
  • Olivier Bonin (maquette interactive et traitements sonores)
  • Géraldine Keller (Voix, flûte, traitements)
  • Michel Mathieu (actions, voix)
  • Emmanuelle Pépin (danse)
  • Raphaël Saint-Remy (anches, flûte, cithare, traitements)

Voici quelques images et sons de ce travail en cours de sédimentation.

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Ville Témoin (5)

Benjamin Bondonneau, Kristof Guez et Raphaël Saint-Remy ont réalisé une série appelée « Ville Témoin » de textes, miniatures sonores, photos et vidéos à partir du matériau collecté pour la maquette urbaine, ramifications oniriques à partir des paroles d’habitants du territoire.

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Contrechamps par Raphaël Saint-Remy (10)

Raphaël Saint-Remy a écrit des textes comme prolongements, extensions des entretiens qu’il a mené avec des personnes rencontrées sur le terrain.


R74-3) En moi s’agitent bien quelques pensées
            (D’après : « Pensées ».Pensées, cogitation, envol)

COGITATION

En moi s’agitent bien quelques pensées, mais elles semblent perdues dans un vide trop vaste pour elles, et ont beau s’évertuer à chercher des parois contre lesquelles rebondir, ou peut-être se fixer, elles ne font toujours qu’errer mollement, indécises et idiotes.
Ce dépeuplement au sein même de ma cogitation, cette errance des quelques corps égarés en elle pourraient m’être un supplice, un motif insurmontable de découragement. Mais je sais — et je vis cela comme un enchantement — qu’autour de moi volettent mille pensées qu’aucune paroi ne garde prisonnières, et qui par je ne sais quel miracle m’appartiennent, me constituent, sont (à l’inverse des quelques-unes qui sous mon crâne se débattent dans leur solitude) mon véritable corps, impalpable, puissant, sauvage, inaltérable. 

C’est dans cette nuée vivace, toujours inventant de nouvelles formes et de nouveaux espaces que je me reconnais et peux à loisir, loin des inquiétudes qui de l’intérieur voudraient me ronger, approfondir la connaissance que j’ai de moi. C’est pourquoi régulièrement, dans un état proche de l’exaltation, j’ouvre les bras et tente de rejoindre dans leur vol ces alliées silencieuses et rieuses, qui sont, chacune séparément, mais aussi toutes ensemble, ce à quoi très exactement j’aspire à ressembler. Mais quelque chose toujours me retient au sol, m’empêche de m’évader. Et je ne peux qu’accuser les mesquines pierres noires qui sous mon crâne continuent de me peser, et avec une obtuse application font échouer chacune de ces tentatives d’envol. 

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